














Un grand merci à tous ceux et celles qui ont bravés le froid et la neige pour venir assister à ce vernissage si particulier pour moi.
Bruno Lalonde a filmé le regard (l’âme) de chaque œuvre.
Un grand merci à tous ceux et celles qui ont bravés le froid et la neige pour venir assister à ce vernissage si particulier pour moi.
Bruno Lalonde a filmé le regard (l’âme) de chaque œuvre.
Les 24 œuvres de la performance théâtrale À Tempéra s’exposent à
La Galerie Va Savoir
https://www.instagram.com/p/Cev6bN_uM6H/
Depuis le 31 août l’artiste multidisciplinaire Fabienne Roques a proposé à plus de deux cent cinquante personnes, dans son atelier, installé pour l’occasion en théâtre de poche, 24 représentations de sa performance À Tempéra.
L’artiste inspirée par l’histoire d’Anne sa grand-mère maternelle, écrit, danse, joue, peint avec la technique de la tempéra (œuf et pigments).
Les œuvres produites durant les performances seront exposées :
du 17 novembre au 4 décembre 2022
Galerie Va Savoir,
1656 Rue Laurier à Montréal.
Fabienne Roques présentera pendant l’exposition à la Galerie Va Savoir, six fois sa performance. Le coût pour assister au spectacle est de 15 dollars.
Avec ce travail, l’artiste cherche à ouvrir l’atelier du peintre à d’autres disciplines, en particulier le théâtre et l’expression corporel. Elle a la conviction que le peintre doit trouver des moyens de communication simple pour faciliter la compréhension de l’œuvre. Avec cette pièce elle rend audible la voix intérieure qui l’anime lorsqu’elle travaille dans son atelier. L’œuvre ainsi dotée d’une histoire jouée devant public reste vivante.
Pour en savoir plus sur l’exposition et la performance À Tempéra : voir le dossier de presse ci-dessous.
Contact concernant l’exposition des œuvres :
Galerie Va Savoir, Monsieur Franz Roussel, 1656 rue Laurier, Montréal.
Contact pour assister aux spectacles durant l’exposition à la Galerie Va savoir :
Fabienne Roques (438)378-7809
L’atelier Librairie 2319 rue Bélanger, H2G 1C9 Montréal, (514)736-0999
Fabienne Roques est une artiste, professionnelle, multidisciplinaire, franco-québécoise.
Ses premières influences furent les grands maîtres de l’art moderne, puis le courant de l’école de Nice. En 2007, elle ouvre un premier atelier galerie, 5 rue Dalpozzo dans le centre-ville de Nice.
En 2009, elle immigre à Montréal, Québec, Canada. Elle installe son atelier galerie d’abord dans le Vieux Montréal, puis en 2011 rue Ontario.
En 2012, elle imagine en parallèle à sa pratique de peintre, un programme de médiation en art, rémunéré au CHUM. Elle partagera pendant huit ans son expertise pour la peinture avec les patients hospitalisés.
Depuis 2018, elle co-dirige L’atelier-librairie dans le quartier Villeray à Montréal.
Elle expose ses œuvres dans différentes manifestations d’art contemporain et de galeries.
Pour que l’œuvre soit vivante, l’artiste doit la jouer. l’atelier est un théâtre
En sortant de l’atelier l’œuvre n’est qu’un objet. Elle est morte. Avec la performance À Tempéra, Fabienne Roques offre au public une histoire jouée en même temps qu’une création de peinture en direct. Cette histoire est la voix intérieure qui parle à l’artiste lorsqu’il crée. Ce moment, fugace et secret s’évanouit avec le dernier coup de pinceau. Mettre en scène le processus de création, c’est donné la clé au public de rejouer l’histoire de l’œuvre, ainsi la maintenir en vie.
Synopsis
Originaire d’une famille ouvrière auvergnate, Anne a 20 ans en 1941. Alors que la guerre sévit partout, elle épouse Pierre un officier de l’armée française. Le couple s’installe sur la base militaire d’Ain El Turck en Algérie. Pierre doit rapidement la quitter pour faire la guerre. Anne se retrouve alors, seule et enceinte d’une petite Marie, dans une villa luxueuse au bord de la Méditerranée. En novembre 1942, durant l’opération Torch, l’armée américaine débarque en Afrique du Nord. Elle y restera jusqu’à la fin de la guerre, en 1945.
Anne se retrouve livrée à elle-même sur cette terre méditerranéenne encore sauvage. Arabes, Juifs, pieds noirs cohabitent. La fracture sociale est abyssale.
Anne devra s’adapter à son nouveau statut de femme d’officier. Elle devra faire face au mépris du patriarcat militaire envers les femmes, à la puissance de l’argent, au racisme entre les différentes ethnies et à la peur des femmes en Algérie de se faire violer par l’occupant.
Malgré tout, Anne va braver les interdits en tombant amoureuse d’un soldat américain, métis.
Dans les bras de cet homme, elle se découvre être, une femme passionnée. Submergée par le désir, la chair prend le pas sur la raison et les conventions sociales.
Mais Anne ne peut indéfiniment se laisser glisser sur cette pente vertigineuse. Elle doit récupérer ses esprits, sa vie, son rang. Pour cela, elle va commettre un acte insensé.
L’idée de la boite blanche
Du blanc que du blanc, sans autre décor. Donner au public la possibilité de créer des images avec l’histoire jouée par l’artiste.
La partie théâtre de l’atelier est recouverte du sol au plafond de tissu blanc, retenu par de la ficelle. Les chaises sont elles aussi emballées.
La performance À Tempéra est un tournant dans la pratique de Fabienne Roques. Au geste de peindre elle joint la danse et la parole, soutenus par un texte dense et poétique.
Elle livre sa performance devant un public restreint sans quatrième mur. La comédienne-peintre et le public partagent une expérience singulière. Inédite.
Les œuvres sur papier 78 x 56 cm sont peintes selon la technique très ancienne de la tempéra qui consiste en une émulsion de jaune d’œuf, de pigments et d’eau. Cette technique était utilisée au moyen-âge ; elle l’est encore aujourd’hui, par les peintres d’icônes byzantine.
Du 31 aout au 26 octobre Fabienne Roques a donné 24 représentations dans son atelier
de plus
(dates des performances ci-dessous)
(514) 880-9803
Franz Roussel est marchand et courtier d’art depuis trente ans. Il a dirigé la galerie Quartier libre pendant dix ans (de 2004 à 2014) à Montréal. Sa nouvelle galerie Va Savoir loge dans le quartier Plateau-Mont-Royal. La spécialité de Franz Roussel est l’art moderne québécois.
Galerie va savoir sur Instagram
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Heures d’ouverture de la galerie
lundi : fermé
mardi : fermé
mercredi : 12h à 18h
jeudi : 12h à 18h
vendredi : 12 à 18h
samedi : 12h à 17h
dimanche : 12h à 17h
Articles – Entrevues – Commentaires
Pour voir tous les commentaires, c’est ici !
Si vous voulez plus de renseignements concernant la performance et l’exposition À tempéra, vous pouvez communiquer avec Franz Roussel, ou Fabienne Roques.
Franz Roussel : Galerie Va Savoir
Fabienne Roques
Téléphone : (438)378-7809
Courriel : fabienneroques8@gmail.com
http://lametropole.com/arts/arts-visuels/a-tempera-loeuvre-au-blanc/?fbclid=IwAR3zX35Crld5UpE0XPkmO3ybp9GLMQLxHzBqaXSUywrp3Z0MCEE_FVVfJQM
Vous voulez voir l’article + les photos : ouvrez le lien ci-dessus
Mais voici qu’elle franchit une nouvelle limite dans son grand œuvre personnel, en signant une performance pluridisciplinaire qui combine écriture, interprétation théâtrale et exécution en direct d’un portrait féminin archétypal selon la technique ancestrale a tempera. Le tout dans une chambre blanche, toute blanche, l’espace de son atelier retapissé pour l’occasion de toile immaculée froissée et liée qui n’est pas sans rappeler directement les célèbres emballages de Christo.
Dans cet athanor irradiant de blancheur, devant seulement dix spectateurs assis en cercle serré à moins de deux mètres d’elle, elle se livre durant une petite heure à un grand rituel de purification de sa lignée matrilinéaire. En alchimie, l’œuvre au noir (clin d’œuvre à Yourcenar…) consiste à plonger dans les ténèbres pour brûler les pourritures et ainsi transmuter le plomb en or. L’œuvre au blanc, à l’inverse, renvoie à un désir de lavage, de nettoyage des origines pour faire table rase et écrire, peut-être, une nouvelle page vierge de sa lignée.
Ainsi, sur un air de jazz associé immanquablement à la tradition afro-américaine, elle raconte. Elle danse, yeux bandés, comme mue par des forces intérieures puis reprend prise sur son destin écrit par d’autres, pour le raconter, donc le réinterpréter, donc le réécrire, par elle-même. Écrire, c’est se réécrire, ça l’est toujours et peut-être peindre est-il également se repeindre, se repositionner dans l’espace de la vie, entre hier et demain.
Qui dit purification dit aveu et qui dit aveu dit faute. Quelle faute ? Celle qui entache la lignée matrilinéaire de Fabienne Roques depuis que sa grand-mère maternelle, en 1944, en Algérie française où elle vit dans la communauté privilégiée des femmes d’officiers français partis à la guerre, dans sa superbe villa perchée en haut d’un escalier qui surplombe la Méditerranée au bleu inoubliable, flanquée de son homme à tout faire algérien chargé de la protéger, tandis que ses domestiques s’occupent de sa petite fille de deux ans (la mère de Fabienne Roques) autant que du jardin et de la vie quotidienne, sa grand-mère se prend de passion pour un jeune soldat américain, superbe métis aux yeux verts qui lui ouvre momentanément les portes du paradis sexuel en même temps que celles de l’enfer de l’opprobre social. Les deux allant toujours de pair pour ce type de femmes qui, depuis la préhistoire, n’existent que par le fait d’être validée comme fille de leur père, mère de leur fils, sœur de leur frère et épouse de leur mari. Le désir c’est la vie, et c’est aussi la liberté. Mais il ne s’agit pas pour Anne (la grand-mère de Fabienne Roques) de vivre de liberté et d’eau fraîche. Tuer ce désir c’est tuer cet amant, sous les yeux mêmes de sa fille Marie (la mère de Fabienne Roques).
On ne racontera pas tout ici, mais Anne sera acquittée. Tous savent et tous se taisent, depuis des générations. Le secret se referme comme une chape de plomb, un plomb plombant, oui, qui ne se transforme pas en or, non. Il se transmet plutôt, en transmission de violence, d’opprobre et de recherche de respectabilité dans les futures générations féminines. Fabienne Roques a des filles et une petite-fille. Un jour, elle a décidé de prendre son stylo et d’écrire, puis de prendre ses pinceaux et de peindre, a tempera avec le jaune d’œuf et les pigments, puis de dire le texte, et même de l’interpréter. Les artistes vivent généralement mal avec le silence. Fabienne Roques ouvre l’athanor, pour ses filles et petite-fille, et pour nous toutes et tous au fond.
Cette œuvre au blanc de Fabienne Roques, remarquablement mise en scène et interprétée, nous renvoie à nos propres mémoires secrètes et à nos propres désirs de transmutation, de libération.
Car, allez savoir, combien de cadavres tapissent les murs de nos silences ?…
Au programme du Magazine radio In situ du 17 septembre 2022, une entrevue avec Fabienne Roques, au sujet de sa performance solo titrée À Tempéra à L’Atelier-Librairie Le Livre Voyageur, en cours depuis le 31 août et prolongée jusqu’au 26 octobre 2022.
L’artiste visuelle multidisciplinaire Fabienne Roques a transformé son atelier, installé dans la librairie, en salle de théâtre intime, le temps des représentations de ce spectacle, qui se démarque.
L’artiste peintre, aussi auteure de quelques écrits, dont un livre autobiographique intitulé Femme à un détail près, publié en décembre 2018, s’est lancée dans l’écriture d’une pièce, intitulée À Tempéra, qui allie peinture en direct et théâtre de proximité, en plus de proposer une scénographie d’une blancheur englobante.
L’artiste qui puise ses sources d’inspiration à même son vécu personnel et ses relations avec son entourage, s’est intéressée à un événement familial, touchant la lignée de mère, tenu au plus grand secret, qu’elle a souhaité écrire, comme pour combler ce silence. Un récit imaginaire qu’elle a greffé aux quelques faits qu’elle a pu obtenir.
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter plus bas une entrevue avec l’artiste, diffusée sur les ondes de Radio Centre-Ville 102,3, qui nous présente tant la pièce écrite, la performance théâtrale et sa préparation, que son approche picturale et le concept du spectacle, réunissant un petit public de dix personnes maximum, aux deux jours.
UNE RECOMMANDATION DU MAGAZINE RADIO IN SITU !
Un spectacle sensible, intimiste et touchant . Je vous le recommande chaudement.
Une belle découverte! Je le recommande chaudement!
Je me suis laissée portée par cette histoire, ton histoire, écrite, racontée, dessinée et jouée de façon magistrale. Bravo! Tu as su marier les différentes formes d’art avec brio. J’ai tout simplement ADORÉ!
La danse.
Tout débute par une danse aveugle, sur les vagues de Coltrane. Pieds nus dans le sable, sur une plage sans issue. Anne, Marie et Fabienne vont se créer, se perdre et se libérer. Trois générations de femmes vont hurler ou se taire, s’apaiser puis se retrouver, s’éveiller entre l’amour et la beauté.
La lumière.
Loin de la France occupée, de l’Auvergne grise et de Vichy la collabo, il y a le soleil du littoral algérien, le bleu de la Méditerranée, le vent du large et une échelle qui descend vers les nuits lumineuses où les étoiles ne sont que d’immenses yeux verts. La lumière de l’ombre y est infinie, à en perdre la raison, et toutes les peaux y ont la même couleur. Entre un Kabyle et un Métis américain, Anne va vivre, survivre, donner la vie et aussi la prendre, mais toujours en pleine lumière.
Le silence.
Tout finit dans le silence et l’oubli, le temps désormais assouvi, en plein jour, face au monde. Devant nous yeux encore éblouis, entre le verbe narrateur et le geste créateur, sous une pluie de couleurs, nous voyons naître l’œuvre de la réconciliation et du sacré, l’icône de toutes les mères dont les âmes légères nous accompagne longtemps après que les feux de la rampe se sont éteints.
Même À tempéra, ces sorcières célestes sont bienveillantes.
Fabienne Roques artiste multidisciplinaire hier soir, m’a surprise par sa présence sur scène et son texte, racontant l’histoire de cette femme courageuse et libre qu’était sa grand mère ( à qui elle s’identifie). Ce texte nous mène en Algérie dans une famille bourgeoise avec ses principes et le souci de soigner son image à tout prix. Mais, oh ! scandale, la grand-mère de Fabienne changera la donne et fera face fièrement à son destin.
Dans un décor nous rappelant le célèbre artiste Christo (rappelez vous son Arc de Triomphe à Paris) dans ce décor tout blanc et vêtue d une robe ou le gris et l argent dominent avec un joli cache cœur ivoire, Fabienne Roques est tout à fait irrésistible. Le texte touchant, très émouvant parfois, nous conduit au fin fond de nos pensées obscures occultées hélas, par le bien paraître que la société nous oblige à suivre. Briser le silence comme l’a fait Fabienne hier soir est un grand pas, un bel héritage qu’elle laisse à sa descendance et bien sûr à nous tous, spectateurs. Et, que dire de l’artiste ! Tout en récitant voilà que Fabienne réalise une icône sur papier avec la technique à tempera réalisé avec de l’eau, un œuf et des couleurs agrémentées de véritables feuilles d’or. Et ce en peu de temps, car il faut faire vite, le séchage est irréversible. Alors, l’image prend forme petit à petit. Rien de facile que de maîtriser cette technique qui demande beaucoup de dextérité et de savoir faire, ce que Fabienne maîtrise magistralement. L’icône sur papier est tout simplement magnifique.
Quand on pénètre dans l’atelier de Fabienne Roques où elle présente « A tempera », on le découvre tout de blanc vêtu. Des morceaux de tissu le recouvrent entièrement, cousus de grosses cordelettes, également blanches, qu’on s’est assuré de laisser bien visibles. Ce lieu dit déjà ce que le spectateur sera amené à découvrir : un tissage.
Fabienne Roques débrouille la trame, pas tout à fait connue et pas tout à fait inconnue d’elle non plus, tissée par les vies entremêlées de sa grand-mère, de sa mère et de la sienne. Elle découvre aux yeux des spectateurs des morceaux de ces vies passées, les interroge, essaie de les recoller, de leur redonner présence et sens, d’abord par une chorégraphie syncopée sur un air de Coltrane, car une quête comme celle dans laquelle elle s’engage est périlleuse, expose à la perte, au chaos, ensuite par un récit, simple et grave, et, finalement par la peinture, silencieuse, qui accompagne tout le spectacle.
Danse, récit, peinture : c’est aussi d’un tissage dont il est ici question. On découvre alors, et bien qu’il soit question de l’Algérie, du soleil, de la mer, du sable de la plage, un drame effrayant qui se clôt par un meurtre. Mais tout comme celui que raconte Camus dans L’étranger, c’est un meurtre sans raison, sans pathos, et on a envie de dire quasiment sans larmes, parce qu’il n’y a ni bourreau et ni victime clairement identifiables.
Cela a été, cela est arrivé, et il fallait que ce soit raconté.
Fabienne Roques ne juge pas, et n’appelle personne à juger, qui ou quoi que ce soit. Elle raconte et elle montre. C’est tout et c’est beaucoup, car quelle générosité est plus grande que de donner
à voir à des spectateurs inconnus, des tranches de vie déchirée jusque-là demeurées secrètes?
Une étoile est née
Ce soir j’ai assisté à une performance lumineuse.
Fabienne Roques a travaillé pendant trois ans sur une partie du récit de sa famille et c’est très réussi. Nous étions dix à boire ses paroles et à admirer un visage émerger à ses pieds d’un papier avec ses couleurs.
Cette femme a tous les talents. Elle peint admirablement et elle est une comédienne accomplie. C’est aussi une amoureuse et une humaniste incroyable.
Je vous suggère fortement de vous faire un cadeau en assistant à cet événement. Je ne sais pas s’il reste des places mais peut-être ajouta-t-elle d’autres soirées ?
Merci Fabienne!
J’ai assisté à la performance de Fabienne Roques hier soir, c’était à la fois envoûtant et touchant!
J’ai eu le plaisir et le privilège d’assister à la représentation d’À TEMPÉRA, le secret, une pièce de théâtre écrite, mise en scène et brillamment jouée par l’artiste multidisciplinaire Fabienne Roques, à son Atelier-Librairie le livre voyageur.
J’ai découvert en Fabienne une conteuse hors pair servant un texte puissant et sensible sur les relations mères-filles, matrilinéaires dans l’héritage psychologique laissé par chaque génération à la suivante. La présence de l’intolérable secret de sa grand-mère Anne pèse sur toute la pièce, mais Fabienne réussi le prodige d’alléger ce secret et nous emporte avec Anne au pied de la Méditerranée. La réalisation d’une icône dans la plus pure tradition de la Tempéra vient lier tous les éléments de l’histoire et insuffle une autre dimension aux mots de Fabienne.
Avec la distance d’un jour, et donc même à froid, tes mots continuent de me hanter. Ton texte est riche et profond, c’est pourquoi il nous habite longtemps. Et ta façon de mêler l’écriture à la peinture est d’une grande puissance dramatique, ce qui ne se laisse pas oublier non plus facilement.
On cherche des espaces différents, physiques et intérieurs. En voici un rare de maîtrise, le récit de Fabienne Roques qui prend forme devant nous, i.e. une douzaine de spectateurs max, dans son atelier rue Bélanger, attenant à la l’Atelier-Librairie Le livre voyageur. Et là, paroles de femmes, une histoire qui fait penser à Duras ou Camus, et des gestes précis de peintre qu’est aussi notre commensale; puis la discussion sur le rhizome familial, sur l’Algérie, l’histoire sous l’Histoire.
A Tempéra: Touchant par toutes les émotions qui y sont exprimées tant dans le texte qu’en peinture. En se transportant à l’époque du début du vingtième siècle, nous vivons les émotions de quatre générations de femmes certaines rebelles et d’autres plus conformistes. De la désinvolture à la honte, de la liberté au jugement des contemporains, de la tristesse à la joie, du désir et de son interdiction, de la complicité à la dénonciation,
Fabienne nous fait voyager à travers cette famille ayant un secret honteux pour l’époque mais qui aujourd’hui serait compréhensible. Bravo Fabienne de nous avoir fait vivre toutes ces émotions. Forte interprétation d’un texte très fort. Merci de ce partage.
Interprétation remarquable. Texte fort et toujours précis.
Synopsis de la performance
Originaire d’une famille ouvrière auvergnate, Anne a 20 ans en 1941. Alors que la guerre sévit partout, elle épouse Pierre un officier de l’armée française. Le couple s’installe sur la base militaire d’Ain El Turck en Algérie.
Pierre doit rapidement la quitter pour faire la guerre. Anne se retrouve alors, seule et enceinte d’une petite Marie, dans une villa luxueuse au bord de la Méditerranée.
En novembre 1942, durant l’opération Torch, l’armée américaine débarque en Afrique du Nord. Elle y restera jusqu’à la fin de la guerre, en 1945. La population locale devra cohabiter avec les GI’s.
Anne est livrée à elle-même sur cette terre méditerranéenne encore sauvage. Arabes, Juifs, pieds noirs y cohabitent. La fracture sociale est abyssale.
Anne devra s’adapter à son nouveau statut de femme d’officier, faire face au mépris du patriarcat militaire envers les femmes, à la puissance de l’argent, au racisme entre les différentes ethnies aussi bien qu’à la discrimination des américains entre eux et à la peur des femmes de se faire violer par l’occupant.
Malgré tout, Anne va braver les interdits en tombant follement amoureuse d’un soldat américain métis. Dans les bras de cet homme, elle se découvre être, une femme passionnée. Submergée par le désir, la chair prend le pas sur la raison et les conventions sociales.
Mais elle ne peut indéfiniment se laisser glisser sur cette pente vertigineuse. Elle doit récupérer ses esprits, sa vie, son rang. Et pour cela, commettre un acte insensé.
Soixante ans ont passé, Anne brise le tabou familial en racontant à la fille de Marie, sa petite-fille artiste peintre, le secret de ce drame algérien.
Dix ans après la mort de sa grand-mère Anne et de son immigration à Montréal, la petite fille d’Anne, écrit cette pièce afin de tenter comprendre les conséquences de ce drame et la correspondance entre sa vie et
celle de son aïeule.
Vous pensez tout connaitre de votre famille ?
Je vous convie à assister à une rencontre familiale intime (nous serons dix), durant laquelle vous sera livré À TEMPÉRA, le secret.
Une performance mêlant : la parole, le geste et la peinture.
Entrée : 15 $
Vous devez réserver votre place par téléphone à la date qui vous convient :
438 378-7809
Dates des spectacles :
mercredi 31 août de 19h à 20h30
vendredi 2 septembre de 19 à 20h30
dimanche 4 septembre de 19h à 20h30
mardi 6 septembre de 19h à 20h30
jeudi 8 septembre de 19h à 20h30
samedi 10 septembre de 19h à 20h30
mercredi 14 septembre de 19h à 20h30
vendredi 16 septembre de 19h à 20h30
dimanche 18 septembre de 19h à 20h30
mardi 20 septembre de 19h à 20h30
jeudi 22 septembre de 19h à 20h30
samedi 24 septembre de 19h à 20h30
mercredi 28 septembre de 19h à 20h30
vendredi 30 septembre de 19h à 20h30
Synopsis de la performance
Originaire d’une famille ouvrière auvergnate, Anne a 20 ans en 1941. Alors que la guerre sévit partout, elle épouse Pierre un officier de l’armée française. Le couple s’installe sur la base militaire d’Ain El Turck en Algérie.
Pierre doit rapidement la quitter pour faire la guerre. Anne se retrouve alors, seule et enceinte d’une petite Marie, dans une villa luxueuse au bord de la Méditerranée.
En novembre 1942, durant l’opération Torch, l’armée américaine débarque en Afrique du Nord. Elle y restera jusqu’à la fin de la guerre, en 1945. La population locale devra cohabiter avec les GI’s.
Anne est livrée à elle-même sur cette terre méditerranéenne encore sauvage. Arabes, Juifs, pieds noirs y cohabitent. La fracture sociale est abyssale.
Anne devra s’adapter à son nouveau statut de femme d’officier, faire face au mépris du patriarcat militaire envers les femmes, à la puissance de l’argent, au racisme entre les différentes ethnies aussi bien qu’à la discrimination des américains entre eux noirs et à la peur des femmes de se faire violer par l’occupant.
Malgré tout, Anne va braver les interdits en tombant follement amoureuse d’un soldat américain métis. Dans les bras de cet homme, elle se découvre être, une femme passionnée. Submergée par le désir, la chair prend le pas sur la raison et les conventions sociales.
Mais elle ne peut indéfiniment se laisser glisser sur cette pente vertigineuse. Elle doit récupérer ses esprits, sa vie, son rang. Et pour cela, commettre un acte insensé.
Soixante ans ont passé, Anne brise le tabou familial en racontant à la fille de Marie, sa petite-fille artiste peintre, le secret de ce drame algérien. Dix ans après la mort de sa grand-mère Anne et de son immigration à Montréal, la petite fille d’Anne, écrit cette pièce afin de tenter comprendre les conséquences de ce drame et la correspondance entre sa vie et
celle de son aïeule.
Je me répète sans y croire que nous sommes en guerre. Ici, tout est pareil , derrière la fenêtre la neige enveloppe calmement la ruelle. Sur mon ordinateur, scènes de désolation : des hommes jeunes en habit militaire, des armes, des tanks, des bombes, des populations déplacées. Des civils meurent au hasard des obus. Exode, ils fuient enroulés dans des couvertures de fortune, leurs frères devenus ennemis. Des mères épuisées aux yeux vides rassurent des enfants effrayés. Ils ont froid. Ils ont peur, la mort aux trousses, ils tentent de s’évader de l’enfer.
Je pense à mes enfants en France, à trois heures de ces scènes d’horreur. Je crains, pour leur avenir tout proche.
Je suis française, éduquée avec l’idée d’égalité et de fraternité. Ce précepte qui fait qu’un humain, peu importe sa nationalité, sa couleur de peau ou sa religion a mon respect. Cette notion de fraternité oblige. Je comprends ce que le mot guerre implique. Encore plus aujourd’hui, mon camp est celui de ceux qui souffrent.
Je voudrais faire un câlin à Alice et Lucas.
Je voudrais embrasser ma fille et mon fils.
Je voudrais leur dire comme quand ils étaient petits, que si nous restons ensemble bien serrés, rien de mal ne pourrait nous arriver. Mais voilà…
Alors, Je peins des tempêtes.
J’ai eu le plaisir d’illustrer le texte de Normand Baillargeon dans la magnifique revue arts-culture-réflexions, Zone occupée no22.
En ce moment chez votre marchand de journaux.
J’ai beaucoup de pudeur à me raconter, mais ce matin j’ai envie de partager avec vous toute ma reconnaissance. Je suis au Québec depuis treize ans, exactement treize ans, le vingt-six février. Je suis arrivée avec trois de mes cinq enfants et leur père. Je peux vous dire qu’à l’époque je n’étais pas enthousiaste. J’avais suivi mon mari comme on mène une vache à l’abattoir. Les premières années furent pénibles. Au bout de quatre ans, j’ai demandé le divorce. Ce fut terrible ! Pour en finir, sous la contrainte et la menace j’ai été obligée de renoncer au patrimoine familial et au reste. Je n’avais pas d’autres choix que de recommencer, bâtir une vie sur un sol qui m’était encore étranger. L’immigration rend les femmes plus vulnérables que dans leur pays d’origine. Pour ces femmes, rien ne s’applique ni la loi d’ailleurs, ni celle d’ici, c’est un autre sujet. À cette époque, de nombreux amis, m’ont tourné le dos, ils avaient cru toutes les horreurs racontées par mon ex. Ces trahisons, je les ai vécues comme des deuils, des violences supplémentaires. J’étais isolée. Blessée. J’ai entrepris de commencer une thérapie. Je voulais arrêter de souffrir, trouver une explication à la violence qui me collait à la peau depuis l’enfance. Savoir ce qui ne marchait pas chez moi. La thérapie c’est dur ! ça remue ! Les vieilles affaires oubliées remontent et ça fait mal avant de faire du bien.
En 2014, j’ai eu de la chance ! La vie a mis Bruno sur mon chemin, j’étais à ramasser à la petite cuillère. Je ne savais plus à quoi me raccrocher, je serais bien ingrate si j’oubliais le soutien de mes deux magnifiques amies Aline et Anne-Évangéline, ces deux-là, je les ai emmerdées plus que de raison. Bruno et moi on s’est reconnu. Au premier regard, nous avions tout compris de l’autre : nos milieux d’origine, nos passés débiles, nos guerres, nos aspirations. Lui surtout a compris mes blessures, mon courage aussi. Je suis courageuse parce qu’à chaque fois j’ai eu peur. La vérité est que cette peur paralysante et l’idée de mort m’ont accompagnée toute mon existence. Vous savez, on fait toute une histoire de la mort, moi je l’ai côtoyée, regardée de très près, dans les moments difficiles elle a toujours été là, une obsession pour me rappeler que tant que j’étais vivante, je devais vivre. Je sais, qu’elle passera me prendre au bon moment. C’est pas la mort qui me fait peur, ce qui me fait peur c’est la vie, la bêtise, la violence.
En arrivant au Québec, l’idée que je me faisais du couple idéal, me semblait inatteignable, j’étais prête à renoncer à cet amour fantasmé, fait de douceur, de partage, de transparence, de joies simples, exactement, le contraire de ce que j’avais vécu dans le passé. De ce que je vivais au présent. À chaque fois, se reproduisait le même scénario, après quelques années de chaos, je partais le cœur en lambeaux sans demander mon reste. Je quittais des hommes furieux, blessés, incapable de comprendre, le pourquoi de mon irrévocable décision. Incapable d’entendre mes aspirations de relation idéale. Des lubies selon eux. Parce que, oui réussir sa vie de couple c’est exigeant. Il faut être drôlement discipliné. Le feu ça s’entretient, faut pas le laisser s’éteindre. Bientôt huit ans que Bruno et moi vivons cet amour parfait. Je me suis tellement battue. C’est un miracle.
Treize années que je suis au Québec. J’aime ce chiffre. Mon ex mari avait raison, il fallait que je parte. Un rayon de soleil cogne à la fenêtre de l’atelier, dehors il fait moins je ne sais combien ? Je me souviens de Nice, là-bas les mimosas doivent être en fleurs et les enfants en T-shirt ; des flocons légers dansent derrière la vitre, il y a vingt centimètres de neige au sol. Il fait si bon chez nous, ça sent le café et les mandarines. Je suis en paix, complètement à ma place. Heureuse. Mon pays c’est ici.
Merci !
Hier, premier filage intégral de la pièce en présence de mon amie Fabienne Cabado.
Durant la seconde partie, je dois écrire la fameuse icône manquante, avec la technique originelle de la tempera et de la feuille d’or.
L’enjeu de ce moment est d’arriver à peindre et dire le texte dans un même élan.
Avant de commencer, j’étais dans un état d’esprit de lâcher-prise, autant pour le travail de peinture, que pour la manière de vivre le texte. L’expérience fut étrange. Les mots et les gestes se sont articulés très naturellement, nourrissant au fur et à mesure du texte un sentiment de bien-être. J’ai garder tout au long du processus, une conscience aiguë de mes mouvements, de mes paroles, une grande fluidité émotionnelle.
J’ai cassé et dilué l’œuf puis souillé le papier avec de grosses gouttes de peinture rouge. Je me suis mise à genoux devant la feuille, dans une position confortable. J’ai dû me relever à plusieurs reprises pour prendre de la couleur. Le va-et-vient a un peu bousculé le rythme de création. La prochaine fois, je préparerai mon matériel au sol. À la fin, j’étais un peu sonnée. Fière de ce que je venais d’atteindre. L’œuvre s’était faite avec détachement et un fort sentiment d’appartenance ce qui peut paraître contradictoire et n’est pas habituel pour moi.
Comment je la trouve ?
Brute dans le traitement, singulière dans l’émotion.
J’aime le rouge éclairé par l’eau en flaques, la peau froissée, brisée par des cernes et des cicatrices de couleurs. Le grain géométrique du papier s’est révélé sur le menton et le cou au séchage. Une ligne de pointillés gris traverse l’œuvre à la verticale, du sommet de la tête jusqu’au thorax . Ces tâches semblent être extérieures à l’œuvre. Elles ne souillent pas le personnage. Cette icône se tient derrière une vitre ?
J’ai appliqué la feuille d’or rapidement. Le résultat est grossier. J’ai fini l’opération à la main, réflexe primordial, puisque la technique habituelle me résistait.
Le jaune encadre le personnage en transparence en se superposant aux autres couleurs.
Cette femme n’est pas jeune, les yeux cernés de brun, les paupières supérieures tombantes révèlent son âge. Elle regarde de côté, la tête penchée dans une posture d’écoute. De distance ? Elle est plus grave que triste.
Ce qui me frappe, ce sont les pupilles bleues disproportionnées, anormalement asymétriques qui s’intègrent pourtant correctement au visage. Les sourcils hauts semblent interroger de manière un peu dubitative. Le dessin de la bouche est étroit, ramassé, sans commissure. Les lèvres entrouvertes ne laissent échapper aucun son. Sa bouche de geisha, est sans aucun doute un élément de séduction, un signe de soumission aussi ; le contraire de ce qu’on appelle une grande gueule.
Elle est là.