
Magazine la Métropole :
http://lametropole.com/arts/arts-visuels/a-tempera-loeuvre-au-blanc/?fbclid=IwAR3zX35Crld5UpE0XPkmO3ybp9GLMQLxHzBqaXSUywrp3Z0MCEE_FVVfJQM
Vous voulez voir l’article + les photos : ouvrez le lien ci-dessus
Aline Apostolska
- Ecrivaine, journaliste, directrice littéraire
A tempera : L’œuvre au blanc
Peintre professionnelle depuis des décennies, à Nice, en France, puis ici, à Montréal depuis 2009, Fabienne Roques a plus d’un tour dans ses pinceaux. Son univers pictural, à la fois symbolique, métaphysique et métaphorique, coloré, sensible et sensuel, elle l’exprime grâce à sa grande maîtrise de techniques multiples développées et réinventées au fil du temps et de son évolution artistique. Elle n’a pas attendu d’être mariée avec un libraire pour lire beaucoup, et pour écrire également.
Mais voici qu’elle franchit une nouvelle limite dans son grand œuvre personnel, en signant une performance pluridisciplinaire qui combine écriture, interprétation théâtrale et exécution en direct d’un portrait féminin archétypal selon la technique ancestrale a tempera. Le tout dans une chambre blanche, toute blanche, l’espace de son atelier retapissé pour l’occasion de toile immaculée froissée et liée qui n’est pas sans rappeler directement les célèbres emballages de Christo.
Dans cet athanor irradiant de blancheur, devant seulement dix spectateurs assis en cercle serré à moins de deux mètres d’elle, elle se livre durant une petite heure à un grand rituel de purification de sa lignée matrilinéaire. En alchimie, l’œuvre au noir (clin d’œuvre à Yourcenar…) consiste à plonger dans les ténèbres pour brûler les pourritures et ainsi transmuter le plomb en or. L’œuvre au blanc, à l’inverse, renvoie à un désir de lavage, de nettoyage des origines pour faire table rase et écrire, peut-être, une nouvelle page vierge de sa lignée.
Ainsi, sur un air de jazz associé immanquablement à la tradition afro-américaine, elle raconte. Elle danse, yeux bandés, comme mue par des forces intérieures puis reprend prise sur son destin écrit par d’autres, pour le raconter, donc le réinterpréter, donc le réécrire, par elle-même. Écrire, c’est se réécrire, ça l’est toujours et peut-être peindre est-il également se repeindre, se repositionner dans l’espace de la vie, entre hier et demain.
Qui dit purification dit aveu et qui dit aveu dit faute. Quelle faute ? Celle qui entache la lignée matrilinéaire de Fabienne Roques depuis que sa grand-mère maternelle, en 1944, en Algérie française où elle vit dans la communauté privilégiée des femmes d’officiers français partis à la guerre, dans sa superbe villa perchée en haut d’un escalier qui surplombe la Méditerranée au bleu inoubliable, flanquée de son homme à tout faire algérien chargé de la protéger, tandis que ses domestiques s’occupent de sa petite fille de deux ans (la mère de Fabienne Roques) autant que du jardin et de la vie quotidienne, sa grand-mère se prend de passion pour un jeune soldat américain, superbe métis aux yeux verts qui lui ouvre momentanément les portes du paradis sexuel en même temps que celles de l’enfer de l’opprobre social. Les deux allant toujours de pair pour ce type de femmes qui, depuis la préhistoire, n’existent que par le fait d’être validée comme fille de leur père, mère de leur fils, sœur de leur frère et épouse de leur mari. Le désir c’est la vie, et c’est aussi la liberté. Mais il ne s’agit pas pour Anne (la grand-mère de Fabienne Roques) de vivre de liberté et d’eau fraîche. Tuer ce désir c’est tuer cet amant, sous les yeux mêmes de sa fille Marie (la mère de Fabienne Roques).
On ne racontera pas tout ici, mais Anne sera acquittée. Tous savent et tous se taisent, depuis des générations. Le secret se referme comme une chape de plomb, un plomb plombant, oui, qui ne se transforme pas en or, non. Il se transmet plutôt, en transmission de violence, d’opprobre et de recherche de respectabilité dans les futures générations féminines. Fabienne Roques a des filles et une petite-fille. Un jour, elle a décidé de prendre son stylo et d’écrire, puis de prendre ses pinceaux et de peindre, a tempera avec le jaune d’œuf et les pigments, puis de dire le texte, et même de l’interpréter. Les artistes vivent généralement mal avec le silence. Fabienne Roques ouvre l’athanor, pour ses filles et petite-fille, et pour nous toutes et tous au fond.
Cette œuvre au blanc de Fabienne Roques, remarquablement mise en scène et interprétée, nous renvoie à nos propres mémoires secrètes et à nos propres désirs de transmutation, de libération.
Car, allez savoir, combien de cadavres tapissent les murs de nos silences ?…
LE CULTUREL 2.0
Winston McQuade
- Animateur de télévision, acteur, artiste en arts visuels
Le Magazine in situ + entrevue radiophonique menée par diffusée sur les ondes de RADIO CENTRE-VILLE 102,3
Chantal L’Heureux
- Journaliste
Au programme du Magazine radio In situ du 17 septembre 2022, une entrevue avec Fabienne Roques, au sujet de sa performance solo titrée À Tempéra à L’Atelier-Librairie Le Livre Voyageur, en cours depuis le 31 août et prolongée jusqu’au 26 octobre 2022.
L’artiste visuelle multidisciplinaire Fabienne Roques a transformé son atelier, installé dans la librairie, en salle de théâtre intime, le temps des représentations de ce spectacle, qui se démarque.
L’artiste peintre, aussi auteure de quelques écrits, dont un livre autobiographique intitulé Femme à un détail près, publié en décembre 2018, s’est lancée dans l’écriture d’une pièce, intitulée À Tempéra, qui allie peinture en direct et théâtre de proximité, en plus de proposer une scénographie d’une blancheur englobante.
L’artiste qui puise ses sources d’inspiration à même son vécu personnel et ses relations avec son entourage, s’est intéressée à un événement familial, touchant la lignée de mère, tenu au plus grand secret, qu’elle a souhaité écrire, comme pour combler ce silence. Un récit imaginaire qu’elle a greffé aux quelques faits qu’elle a pu obtenir.
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter plus bas une entrevue avec l’artiste, diffusée sur les ondes de Radio Centre-Ville 102,3, qui nous présente tant la pièce écrite, la performance théâtrale et sa préparation, que son approche picturale et le concept du spectacle, réunissant un petit public de dix personnes maximum, aux deux jours.
UNE RECOMMANDATION DU MAGAZINE RADIO IN SITU !
Frank Desoer
- Journaliste
Un spectacle sensible, intimiste et touchant . Je vous le recommande chaudement.
Florence Meney
- Autrice, romancière, Directrice des coms, journaliste
Une belle découverte! Je le recommande chaudement!
Annabel Loyola
Je me suis laissée portée par cette histoire, ton histoire, écrite, racontée, dessinée et jouée de façon magistrale. Bravo! Tu as su marier les différentes formes d’art avec brio. J’ai tout simplement ADORÉ!
Emmanuel Poinot
- Écrivain
La danse.
Tout débute par une danse aveugle, sur les vagues de Coltrane. Pieds nus dans le sable, sur une plage sans issue. Anne, Marie et Fabienne vont se créer, se perdre et se libérer. Trois générations de femmes vont hurler ou se taire, s’apaiser puis se retrouver, s’éveiller entre l’amour et la beauté.
La lumière.
Loin de la France occupée, de l’Auvergne grise et de Vichy la collabo, il y a le soleil du littoral algérien, le bleu de la Méditerranée, le vent du large et une échelle qui descend vers les nuits lumineuses où les étoiles ne sont que d’immenses yeux verts. La lumière de l’ombre y est infinie, à en perdre la raison, et toutes les peaux y ont la même couleur. Entre un Kabyle et un Métis américain, Anne va vivre, survivre, donner la vie et aussi la prendre, mais toujours en pleine lumière.
Le silence.
Tout finit dans le silence et l’oubli, le temps désormais assouvi, en plein jour, face au monde. Devant nous yeux encore éblouis, entre le verbe narrateur et le geste créateur, sous une pluie de couleurs, nous voyons naître l’œuvre de la réconciliation et du sacré, l’icône de toutes les mères dont les âmes légères nous accompagne longtemps après que les feux de la rampe se sont éteints.
Même À tempéra, ces sorcières célestes sont bienveillantes.
Sonia Delrio
- Danseuse de danse classique espagnol
Fabienne Roques artiste multidisciplinaire hier soir, m’a surprise par sa présence sur scène et son texte, racontant l’histoire de cette femme courageuse et libre qu’était sa grand mère ( à qui elle s’identifie). Ce texte nous mène en Algérie dans une famille bourgeoise avec ses principes et le souci de soigner son image à tout prix. Mais, oh ! scandale, la grand-mère de Fabienne changera la donne et fera face fièrement à son destin.
Dans un décor nous rappelant le célèbre artiste Christo (rappelez vous son Arc de Triomphe à Paris) dans ce décor tout blanc et vêtue d une robe ou le gris et l argent dominent avec un joli cache cœur ivoire, Fabienne Roques est tout à fait irrésistible. Le texte touchant, très émouvant parfois, nous conduit au fin fond de nos pensées obscures occultées hélas, par le bien paraître que la société nous oblige à suivre. Briser le silence comme l’a fait Fabienne hier soir est un grand pas, un bel héritage qu’elle laisse à sa descendance et bien sûr à nous tous, spectateurs. Et, que dire de l’artiste ! Tout en récitant voilà que Fabienne réalise une icône sur papier avec la technique à tempera réalisé avec de l’eau, un œuf et des couleurs agrémentées de véritables feuilles d’or. Et ce en peu de temps, car il faut faire vite, le séchage est irréversible. Alors, l’image prend forme petit à petit. Rien de facile que de maîtriser cette technique qui demande beaucoup de dextérité et de savoir faire, ce que Fabienne maîtrise magistralement. L’icône sur papier est tout simplement magnifique.
Gilles Labelle
- Professeur à la retraite, Université d’Ottawa, Département de l’École d’études politiques
Quand on pénètre dans l’atelier de Fabienne Roques où elle présente « A tempera », on le découvre tout de blanc vêtu. Des morceaux de tissu le recouvrent entièrement, cousus de grosses cordelettes, également blanches, qu’on s’est assuré de laisser bien visibles. Ce lieu dit déjà ce que le spectateur sera amené à découvrir : un tissage.
Fabienne Roques débrouille la trame, pas tout à fait connue et pas tout à fait inconnue d’elle non plus, tissée par les vies entremêlées de sa grand-mère, de sa mère et de la sienne. Elle découvre aux yeux des spectateurs des morceaux de ces vies passées, les interroge, essaie de les recoller, de leur redonner présence et sens, d’abord par une chorégraphie syncopée sur un air de Coltrane, car une quête comme celle dans laquelle elle s’engage est périlleuse, expose à la perte, au chaos, ensuite par un récit, simple et grave, et, finalement par la peinture, silencieuse, qui accompagne tout le spectacle.
Danse, récit, peinture : c’est aussi d’un tissage dont il est ici question. On découvre alors, et bien qu’il soit question de l’Algérie, du soleil, de la mer, du sable de la plage, un drame effrayant qui se clôt par un meurtre. Mais tout comme celui que raconte Camus dans L’étranger, c’est un meurtre sans raison, sans pathos, et on a envie de dire quasiment sans larmes, parce qu’il n’y a ni bourreau et ni victime clairement identifiables.
Cela a été, cela est arrivé, et il fallait que ce soit raconté.
Fabienne Roques ne juge pas, et n’appelle personne à juger, qui ou quoi que ce soit. Elle raconte et elle montre. C’est tout et c’est beaucoup, car quelle générosité est plus grande que de donner
à voir à des spectateurs inconnus, des tranches de vie déchirée jusque-là demeurées secrètes?
Marie Jo Maillet
- Artiste en arts visuels
Une étoile est née
Ce soir j’ai assisté à une performance lumineuse.
Fabienne Roques a travaillé pendant trois ans sur une partie du récit de sa famille et c’est très réussi. Nous étions dix à boire ses paroles et à admirer un visage émerger à ses pieds d’un papier avec ses couleurs.
Cette femme a tous les talents. Elle peint admirablement et elle est une comédienne accomplie. C’est aussi une amoureuse et une humaniste incroyable.
Je vous suggère fortement de vous faire un cadeau en assistant à cet événement. Je ne sais pas s’il reste des places mais peut-être ajouta-t-elle d’autres soirées ?
Merci Fabienne!
Martin Gagnon
- Romancier, poète, enseignant
J’ai assisté à la performance de Fabienne Roques hier soir, c’était à la fois envoûtant et touchant!
Xavière Hardy
- Écrivaine
J’ai eu le plaisir et le privilège d’assister à la représentation d’À TEMPÉRA, le secret, une pièce de théâtre écrite, mise en scène et brillamment jouée par l’artiste multidisciplinaire Fabienne Roques, à son Atelier-Librairie le livre voyageur.
J’ai découvert en Fabienne une conteuse hors pair servant un texte puissant et sensible sur les relations mères-filles, matrilinéaires dans l’héritage psychologique laissé par chaque génération à la suivante. La présence de l’intolérable secret de sa grand-mère Anne pèse sur toute la pièce, mais Fabienne réussi le prodige d’alléger ce secret et nous emporte avec Anne au pied de la Méditerranée. La réalisation d’une icône dans la plus pure tradition de la Tempéra vient lier tous les éléments de l’histoire et insuffle une autre dimension aux mots de Fabienne.
Carole Massé
- Écrivaine
Avec la distance d’un jour, et donc même à froid, tes mots continuent de me hanter. Ton texte est riche et profond, c’est pourquoi il nous habite longtemps. Et ta façon de mêler l’écriture à la peinture est d’une grande puissance dramatique, ce qui ne se laisse pas oublier non plus facilement.
Yves Sheriff
- Cinéaste
On cherche des espaces différents, physiques et intérieurs. En voici un rare de maîtrise, le récit de Fabienne Roques qui prend forme devant nous, i.e. une douzaine de spectateurs max, dans son atelier rue Bélanger, attenant à la l’Atelier-Librairie Le livre voyageur. Et là, paroles de femmes, une histoire qui fait penser à Duras ou Camus, et des gestes précis de peintre qu’est aussi notre commensale; puis la discussion sur le rhizome familial, sur l’Algérie, l’histoire sous l’Histoire.
Christiane Doré
- Artiste, enseignante
A Tempéra: Touchant par toutes les émotions qui y sont exprimées tant dans le texte qu’en peinture. En se transportant à l’époque du début du vingtième siècle, nous vivons les émotions de quatre générations de femmes certaines rebelles et d’autres plus conformistes. De la désinvolture à la honte, de la liberté au jugement des contemporains, de la tristesse à la joie, du désir et de son interdiction, de la complicité à la dénonciation,
Fabienne nous fait voyager à travers cette famille ayant un secret honteux pour l’époque mais qui aujourd’hui serait compréhensible. Bravo Fabienne de nous avoir fait vivre toutes ces émotions. Forte interprétation d’un texte très fort. Merci de ce partage.
André Pronovost
- Ecrivain
Interprétation remarquable. Texte fort et toujours précis.
A reblogué ceci sur Le blog de Fabienne Roques .
J’aimeJ’aime