extrait de texte :
Suis-je assez contemporaine ? Suis-je une artiste assez évoluée pour peindre sans manière et sans réflexion ? Suis-je une artiste assez évoluée pour faire de l’Art sans peinture, sans toile, sans support, en oubliant tout ceux qui étaient avant moi ?
Suis-je une artiste assez intelligente pour faire passer le concept avant la peinture elle-même ? L’idée que je fais de mon Art est-elle plus importante que mon œuvre ?
A cela je réponds que la peinture est et restera passé et présent, singulière et universelle, sensé et sensible, pensée et objet. La peinture est fondamentalement le plus bel acte d’humanité. Elle est la somme, d’un corps et d’une âme dans un lieu à une époque donnée. L’œuvre est la substance même d’un langage universel, parfaitement poétique. L’émotion esthétique reste la plus mystérieuse énigme qui lie les hommes à travers les âges et les territoires.
Car je porte, nous portons tous, la première et la dernière femme du monde. ‘’La sauvage’’ qui crache sur de la terre ocre, pour l’éclabousser en perles de soleil concentriques. La mixture jaune contraste parfaitement le gris sombre de la paroi de notre esprit-maison. Elle crie de tout mon corps. Elle prie de toute mon âme en mouvements d’offrandes, saccadés, physiques, indécents. Son rire guttural rythme violemment ma curieuse danse de vie. Avec la joie je défie la mort.
Ma peinture a les contours de ma pensée et les couleurs de mon instinct. Je veux l’harmonie de l’âme et de la raison. Je veux librement opposer de la sagesse à ma grande folie. Il faut de toutes mes forces que je m’habite tout entière pour peindre au-delà de moi.